dimanche 17 mars 2013

Le Cap Vert

C’est arrivé comme ça.

J’avais pas vu Gégé depuis des lustres ; je suis descendu à St Firmin pour les vacances et je lui ai annoncé que nous partions vivre à l’autre bout du monde.

Je lui ai dit que s’il voulait, en notre absence, faire de la voile avec Olivier, ils pourraient emprunter le bateau, à Sète.

Je lui ai expliqué qu’il n’y avait qu’à Olivier que je confierais les clefs du bateau, sous conditions… Je lui ai dit : « Je ne veux pas te vexer, bien sûr… » et il m’a répondu « Mais vous ne me vexez pas du tout, cher ami – c’est parfaitement compréhensible ! J’te prêterais pas les clefs de la Subaru non plus ! » Bref : on s’était compris. C’était très civilisé.

Deux jours plus tard, je passe chez Benoît et Julie, sur le coup de vingt-trois heures. Il y avait là Gérald, Jean-Marc, Lucie et Jack, leur vieil ami du Tennessee. Ils étaient chauds, chauds, chauds, les Brouinques – chauds-bouillants, comme on dit à Paris.

« Tout est organisé ! s’écrie Gégé en me voyant. On part tous les cinq au Cap Vert, avec ton bateau, au mois de novembre ! »

J’ai reçu la nouvelle sans broncher. Dans l’estomac. J’aurais bien essayé de leur expliquer… mais non, j’ai préféré leur écrire une chanson.

Cette chanson, la voici. Je la leur ai chantée samedi soir, autour d’une chèvre, succulente, et d’une sauce à l’ail, atomique, que Gégé nous avait préparées. Pour fêter quoi ? Pour fêter, c’est tout !


Je me souviens encore des éclats de rire de Fabienne. C’est vrai qu’imaginer son Gégé en train de dégobiller sur la tête du Jacquo, qu’il tient serré dans ses bras, comme un bébé, c’est à la fois pathétique et rigolo…  Fabienne, je te dédie cette chanson ! Quelque chose me dit que ce n’est ni la première, ni le dernière fois, que tu entends parler du voyage au Cap Vert.  

Et sans rancune, Gégé ! Pour ce qui est de savoir vivre, tu es notre maitre à tous, notre éclaireur, notre preuve par G - il l’a fait, c’est donc possible ! – et plus encore : notre unité de mesure. J’ai parfois de la peine pour ceux qui n’ont pas eu au moins deux G de bonheur dans leur vie…

Et puis je t’en ferai faire, du bateau, un jour prochain, promis-juré. 

Quant au dénommé Poulet, un gars fort sympathique, au demeurant, il ne doit évidemment qu’à son surnom de figurer dans cette chanson, victime d’un rituel barbare. Qu’il n’y voie aucune animosité de ma part, et qu’il me pardonne mon humour noir ! Après tout, je suis un peu anglais…

La morale de cette histoire ? Elle est cruelle… Rien à voir avec le Cap Vert. Le fait est qu’après avoir abrité la gamelle qui, neuf heures durant, a servi à  bouillir la bête et ses aromates, le vestibule d’Olivier sent le zoo, à présent. On se croirait à l’intérieur d’un paquet de chips, goût chèvre. Heureusement pour lui, pour nous, et pour ses petites amies, qui auraient pu se poser des questions, la chèvre de Gérald était plutôt chevreau que vieille carne lubrique. Il va falloir bien l’aérer, ce vestibule, avant qu’il ne se remette à sentir la paraffine et le farte à ski…et qu’Olivier nous pardonne notre satanée cuisine!