samedi 18 février 2012

Le Palastre (2278 m) - L'éleveur de poules insaisissable

............................................ Le hameau des Richards .............................................

Même au paradis, on doit parfois avoir envie de déménager. Si j'en avais la possibilité, je quitterais St-Firmin pour venir m'installer aux Richards, ce petit hameau du bout du monde, au-dessus de Pont-du-Fossé. Au total, une douzaine de granges et une fontaine, toutes en état de marche. Comme le fond de vallée est particulièrement frais dans le Haut-Champsaur, ils ont le droit à une mer de nuages un matin sur deux. Le départ de la course se fait 50 m plus haut, au parking du chalet des Bayles (1556 m).


Ça commence tout en douceur, sur une piste forestière. Je pars seul aujourd'hui - de toutes les configurations, c'est celle que je préfère: grand beau, tout seul. C'est aussi, sur une course aussi fréquentée, une manière de faire des rencontres.

............................................ Les trois phénomènes .............................................

A hauteur de la Cabane de Pierre Drue - un dédale de rochers gigantesques et drus qui a la dignité d'un site mégalithique - je croise trois randonneurs qui en dépit de leur âge canonique font du ski de randonnée en bras de chemise et me taquinent sur la vétusté de mon sac à dos. Celui qui porte une chemise à carreaux a un peu plus de mal que les autres - il doit avoir 75 ans bien frappés! "Allez, mon petit..." lui souffle tendrement l'homme au bob. Voilà comment je voudrais vieillir... Pensant que j'ai affaire à Luc François, le fameux braconnier-skieur de Chabanas, l'auteur septuagénaire des Sentiers Interdits, je pose la question:

- Vous ne seriez pas éleveur de poules, par hasard?
- J'ai un poulailler, mais il est vide, me répond l'homme au bob. Pourquoi me demandez-vous ça?
- Vous me faites penser à quelqu'un... de Chabanas.
- Désolé, nous sommes de Vars.

Un peu plus tard, après que nos chemins se soient séparés, j'ai repensé à notre conversation, qui a surtout porté sur l'itinéraire et sur mon sac à dos, qu'ils continuaient de trouver irrésistiblement drôle, et je me suis dit que c'était bien la première fois que j'abordais un inconnu en lui demandant s'il élevait des poulets. Il faut croire que le Champsaur-Valgodemar commence à déteindre.

............................................ La vue du sommet (sud) .............................................

Ayant planté mes skis au col du Palastre, j'escalade le sommet à pied. Vue splendide sur les Alpes de Haute-Provence au sud, la falaise de Céüse et le Dévoluy à l'ouest, la pointe sud de la Vénasque et la Tête de Soleil-Boeuf (quel beau nom!) au nord. C'est là que se dirigent mes trois phénomènes. Si le sommet paraît peu engageant - il n'y a plus que des cailloux - la pente qui y mène semble irrésistible: deux kilomètres en pente douce, qui à la descente, par ce temps, lorsque la neige est juste comme il faut, doivent évoquer une sortie en ski nautique au Bahamas - je comprends maintenant pourquoi tout le monde me parle de Soleil-Boeuf. Next time.

.................. La vue du sommet (nord), avec Soleil-Boeuf tout à gauche .......................

Une fois redescendu, j'apprends qu'Olivier et Benoît sont allés faire le Col de la Venasque (2487 m) et le Pic du Tourond (2742 m), par le versant ouest, où ils ont rencontré beaucoup de neige croutée. Nombreuses chutes à la descente. Hector trainé sous les murs de Troie: crack, boum, wizz! Je n'ai pas eu ce problème en redescendant du Palastre. C'était comme mettre les pieds dans un plat de chips: crunch, crunch, crunch. Bilan: une ou deux glissades mais seulement une gamelle.